Le parcours a été intégralement reconnu par un membre du club pour le grand parcours en avril 2015. La coupe centrale a été reconnu par un cyclo extérieur au club, nous apportant un regard neuf sur nos parcours et ses difficultés. Nous vous proposons un petit compte rendu en texte et en image de la reconnaissance du grand parcours.
La reconnaissance en neuf jours (délai "Randonneurs Mondiaux") en avril 2025
Après une année 2024 très peu sportive de mars à novembre, tout s’est remis sur les rails en ce début d’année 2025 pour rouler cette « Traversée de France 2026 _ La vie de Château ». Avril, mois des dangers, les dix jours de beaux temps de 2018 ou la fin de l’hiver comme en 2022 ? ou bien l’entre-deux de 2023.
Serein mais pas trop, la météo s’annonce favorable, direction Montpellier en train.
Un peu moins de 1950km et de neuf jours sont devant moi pour de nouveau traverser la France sur mon vélo. Exercice apprécié par la diversité du voyage et du regard que cela permet de poser sur notre pays.
Thématique de cette excursion, les châteaux dont j’ai pu voir toute la palette : que cela soit de simple motte féodale ou bien des châteaux de carton-pâte du 19e ; des cités fortifiées, des bastides ou des donjons isolés ; des châteaux inconnus ou mettant le Monde à leurs pieds ; des châteaux ayant permis de traverser la ligne de démarcation ou ayant accueillis l’occupant ; des châteaux d’apparats, de plaisance ou des châteaux pour défendre une contrée. Ceux qui ont inspiré Hergé et Disney. Des châteaux des plaines, de champ ou de la campagne ; des cités Hospitalières ou des châteaux austères.
Le vélo a également nul autre pareil, hormis la randonnée pédestre, pour respirer le pays.
Une bonne semaine sur les routes de France c’est bien plus qu’un cairn de vielle pierre plus ou moins entretenues, c’est un cours de géographie à coup de manivelle : le plus marquant pour moi est la diversité des paysages rencontrés dans le château d’eau de la France et changeant parfois en quelques coup de pédale comme en quittant le Périgord après une grosse collation à Payrac avant de grimper sur le Causse de Gramat en direction de Rocamadour ou bien encore le contraste saisissant en trois coup de pédale entre la verticalité de la vallée de la Cère après Aurillac et l’horizontalité du plateau volcanique s’étendant jusqu’aux rives de la Truyère, obstacle naturelle entre la planèze de Saint-Flour et l’Aubrac. La Truyère, rivière coulant dans de profondes gorges boisées et freiné dans son élan par de nombreux barrage hydro-électrique et enjambé avec talent par Gustave Eiffel à Garabit.
Les rivières façonnent le paysage, c’est par la vallée de la Dordogne que je pénètre dans le Massif Central et c’est par la vallée de la Sioule, par quelques installations touristiques désuètes que je quitte la moyenne montagne pour me languir le long de la Loire.
La relation au territoire et aux distances diffère. Le premier jour, au-dessus du viaduc de Millau, je pouvais voir le Mont-Lozère sous la pluie alors que celle qui m’avait arrosée le matin s’était arrêté sur le causse du Larzac. De mon promontoire, je pouvais voir que je partais vers le « beau ». Le lendemain, alors que Jean-Pierre et Pierre-Alain m’accompagnait toute voile dehors sur le plateau du Lévézou, nous pouvions apercevoir les Pyrénées enneigés ! Quelle distance ? je ne sais pas, sans doute une journée de vélo. Au cœur du Massif Central, il est aisé de reconnaitre au loin la Montagne Noire, dernier promontoire avant la Méditerranée, plus loin, ce sont les volcans du Puy Mary, de l’Aubrac, du Sancy puis le Puy de Dôme qui balise la randonnée, toujours à quelques heures de routes. La montée à Charroux sera le dernier regard sur ces marqueurs forts de notre territoire. Un peu plus loin, ça sera les Monts de la Madeleine et le Morvan que j’esquive. Mon regard porte désormais à moins d’une heure de route, puisque sur ces deux – trois derniers jours, ce sont les tours aéroréfrigérante de nos centrales nucléaires qui balisent la route, marquant le paysage du programme électronucléaire français des années 1970-1980. Auparavant sur la route, quelques éoliennes, panneaux solaires et sans doute station de méthanisation implantés sur ce siècle mais bien discret au regard des barrages hydro-électrique du Massif Central, massivement déployé au milieu du siècle précédent. C’est d’ailleurs en filant vers l’un de ces barrages que je vis une scène d’un célèbre road-movie où deux français « moyens » en fuite tentent de semer des allemands qui les pourchassent en leur balançant des citrouilles depuis la benne de leur camion.
La Grande Vadrouille puisque c’est son titre, invite à la balade dans notre beau pays. A y regarder de plus près, la plupart des lieux de tournages sont prestigieux, je suis au château d’Alleuze et au barrage de Grandval, en pleine Diagonale du Vide, des paysages de France éternelle, de carte postale. Images idéalisées d’un pays où le français est forcément un héros malgré lui en favorisant la fuite d’aviateur d’anglais. Plus loin sur la randonnée, le château de Faulin est prétexte à un détour, le coin Nord-Est de la randonnée.
La Grande Vadrouille nous mène à la Réconciliation. Qui traverse la France à vélo se rend compte des innombrables monuments aux morts dans les petits villages ruraux dont la liste des noms doit représenter la totalité de la population masculine de 2025 dans bon nombre de canton. Les monuments commémorant la résistance sont tout aussi nombreux mais plus disséminé, au détour d’une rue ou plutôt d’un champ ou d’un bois. A la sortie de la Ferté-Saint-Aubin, après le château, la nécropole nationale recueille les tombes de 26 maquisards, hommes des bois comme Raboliot le Solognot, fusillés par l’occupant le 10 juin 1944, jour où Oradour brulait. La Réconciliation, toujours et à vélo encore plus où il est possible de voir dans bon nombre de commune que ces dernières sont jumelées avec des communes d’outre-Rhin.
Cette amitié, on la retrouve sur les routes. Magie des Internet, Jean-Pierre et Pierre-Henry (du club de Naucelle) m’ont accompagné vent portant le second jour sur le plateau du Lévezou. Le lendemain soir, Richard m’a accompagné sur les routes des Bastides du Sud-Ouest (Monflanquin, Auvillar et Monpazier). En fin de randonnée, Valentin m’a guidé pour l’entrée dans Tours puis ce sont avec un grand plaisir que j’ai retrouvé Marcus à Saumur, là où j’ai roulé tout le printemps précédant le Paris-Brest-Paris-Randonneur 2011 puis Gérard m’a raccompagné à la gare de Tours le dernier vendredi.
Seul repas pris au restaurant durant cette escapade, j’ai pu le partager à Orcival (BPF 63) avec deux couples de l’ESAT voisin. Une fraicheur bienvenue au milieu de la randonnée. A Saint-Pourçain-sur-Sioule dans un bistro qui tourne avec le passage de la Nationale 9, j’apprends qu’il y a un vélodrome à Lurcy-Lévis. Allons-y, j’y dors ce soir. Sur la route, à la sortie de Bourbon l’Archambault, je croise un cyclo Trike avec une tenue FFvélo. 88 ans, renversé près de chez lui il y a près de 20 ans. En repartant, j’allume mon feu arrière.
Au détour d’un arrêt « bistro de campagne » que cela à Gien où la patronne exhorte un jeune apprenti chauffagiste à boire son café sans lait « comme un homme » ou à l’excellent bar La Bréhémontaise, on retrouve de la convivialité. Il n’y avait pas moins de chaleur humaine au PMU de Bléneau en soirée au soir du septième soir de route mais l’ambiance était plus malaisante. Proche géographiquement de Paris, mais le « ça n’est pas pour nous » en parlant des courses à Vincennes laisse entrevoir un fossé jugé comme béant entre ce coin de l’Yonne et la capitale. Ici, ceux sont « ceux qui restent ». La lexicologie des noms de troquet est souvent intéressante, aux pieds des Cévennes, les bars de l’Union sont sans doute en rapport avec les persécutions des protestants … la Réconciliation.
C’étaient les derniers kilomètres dans la « Diagonale hyper-rurale », depuis plusieurs jours, pas besoin d’indicateur de l’INSEE, je suis en plein dedans : faible démographie, population vieillissante, peu de service et faible activité économique. Cela peut être un paradis pour le cyclo (peu de voiture) comme une galère (très peu de commerces) mais c’est surtout et souvent des difficultés pour les populations de ces territoires. Les jours précédents en moyenne montagne, sur ces territoires « désirables » qui attirent des touristes suivant les saisons, permettant à quelques-uns de tirer des revenus d’appoints, la prospérité économique n’a sans doute jamais existé mais depuis la veille, on sent bien que ce sont des communes qui se meurent : commerces fermés depuis longtemps, des rues entières à vendre comme à Clemecy sous-préfecture de 3600 habitants de la Nièvre. La Guerche-sur-L’aubois, commune de taille équivalente mais à l’opposé de la mienne, rares commerces au bord d’une grande route, un maigre marché qui ne remplit pas le bar où est diffusé en continu CNEWS. C’est dans ces communes semblant paisible au centre du pays que je vois le plus de pancarte « voisins vigilants », inexistante sur ma presqu’île. Réponse réelle à un besoin de sécurité, d’un sentiment d’insécurité ou palliatif de commune n’ayant pas de Gendarmerie ?
Ces bassins de vie peu peuplés sont souvent sis sur des territoires escarpés nécessitant de superbes ouvrages d’art pour y faire passer voies de chemin de fer, canaux et routes. Le viaduc de Millau supporte aujourd’hui l’A75 désenclavant le cœur du Massif-Central. Le viaduc du Viaur voit toujours les TER « Albi-Rodez » comme le non moins superbe viaduc de Garabit qui supporte la ligne « Neussargues – Béziers ». Un peu plus loin, le viaduc des Fades au-dessus de la Sioule est moins élégant sur ses piles en maçonnerie mais c’est toujours le plus haut du monde ! Il est possible de l’utiliser en « vélorail » puisqu’il ne transporte plus le minerai depuis St-Eloy-les-Mines pour l’usine Aubert et Duval qui emploi toujours 1400 personnes. Quand la Sioule s’assagit, les viaducs de Neuvial et Rouzat voient passer les trains de Gannat à Commentry. Le paysage s’assagit, laissons la place aux pont-canaux, ceux de Guétin et Briare, tous deux sur le canal latéral à la Loire et ne servant plus qu’à la plaisance. C’est toujours passionnant de constater les trésors d’ingéniosité qu’ont pu être déployé pour l’utilisation sur moins d’un siècle de la plupart de ces ouvrages d’art.
Parfois absente, j’ai été attiré sur le parcours par deux lieux de culture : La Grange à Jean dans les gorges de la Sioule et la Poéterie, un village d’artiste dans une ancienne friche industrielle à quelque pas du lieu de naissance de Colette.
Curiosité de notre législation, dans ces zones parfois reculées, il est possible de s’arrêter au casino comme à Alvignac dans le Lot ou à Châteauneuf-les-Bains.
Début avril, c’est le plaisir des premières tours de roue du printemps : une météo qui peut être fraiche (-3°c un matin) mais très ensoleillé pendant plusieurs jours. Ce sont les premières odeurs du printemps, le retour des gazouillis et des croassements, les premiers barbecues, les comices agricoles et les vaches qui retrouvent les près. C’est le club d’Aurillac qui hésite entre cuissard court et cuissard long. C’est un samedi sur un volcan où les randonneurs qui refont fonctionner les bars épiceries des plateaux, des fêtes ancestrales annonciatrices des beaux jours
Pour le vélo, ce fut surtout un voyage à vélo, bien plus d’un brevet randonneur où les heures de sommeil peuvent être comptées. Ayant réservé mes logements bien en avance en espérant embarquer d’autres personnes avec moi, je n’avais qu’à gérer mes journées pour arriver vers 19h, partant entre 6h et 7h chaque matin, ajustant mes arrêts en fonction de ce seul paramètre. Randonnée rendu pas difficile par :
* Le vent très favorable les deux premiers jours et le manque de logement un peu loin le premier jour n’ont contraint à vraiment prendre mon temps ces deux jours-là, favorisant une randonnée dans de meilleures conditions[1] par la suite. Par la suite le vent a tourné au Nord-Est, étant vraiment très gênant que le dimanche sur l’Aubrac mais me poussant très franchement les deux derniers jours.
* Un calcul des délais des « Randonneurs Mondiaux » avec un fort effet de seuil à 1900km (randonnée à 1945km) et avec un bonus de 5% de délai grâce au ratio tout juste au-dessus des 12m/km. Ce calibrage précis offre plus de 204h, soit 8 jours et 12 heures, 9 journées pleines de vélo.
* Ayant désormais une expérience certaine de ce format qui est bien plus de la grande randonnée qu’une course au sommeil. Aucune bobologie, que du plaisir à vélo.
| Jour | De | A | Distance | D+ |
| Mercredi 2 avril | Montpellier (Nord) | Saint-Rome-de-Tarn | 206,9km | 3017m |
| Jeudi 3 avril | Saint-Rome-de-Tarn | Duravel | 222,1km | 3188m |
| Vendredi 4 avril | Duravel | Bretenoux | 221,1km | 3214m |
| Samedi 5 avril | Bretenoux | Neuvéglise-sur-Truyères | 209,7km | 3422m |
| Dimanche 6 avril | Neuvéglise-sur-Truyères | Orcival | 191,9km | 3347m |
| Lundi 7 avril | Orcival | Lurcy-Lévis | 210,8km | 2334m |
| Mardi 8 avril | Lurcy-Lévis | Bléneau | 238,6km | 1711m |
| Mercredi 9 avril | Bléneau | Tours | 264,5km | 989m |
| Jeudi 10 avril | Tours | Angers (Sud) | 177,9km | 1197m |